Inspiré de l’histoire de sa grand-mère, ce premier roman de la journaliste bulgare Maria Kassimova-Moisset est le récit d’une émancipation rattrapée par l’intolérance. Celui de l’impossibilité d’aimer librement. Il lève une partie du voile sur le passé des Balkans, si proches et lointains, pont mystérieux entre l’Europe et la Turquie, où Miriam et Ahmed repartent à zéro. Ils ont un deuxième enfant, Karim. Mais le malheur s’acharne – ou est-ce la malédiction lancée par Theotitsa contre sa fille ? Le doux Ahmed tombe malade. Malgré sa force de caractère, Miriam peine à s’en sortir sans lui. Haalim est malmené devant la mosquée où il mendie pour l’aider. A bout, sa mère envisage de l’abandonner dans un pensionnat militaire, susceptible de lui offrir une vie meilleure.
Cette décision terrible, l’autrice l’interroge dans l’un des dialogues fictifs qu’elle mène avec les personnages. Conduit avec délicatesse, ce procédé littéraire lui permet d’évoquer ses propres interrogations sous un éclairage contemporain. Elle se penche sur la foi orthodoxe de Theotitsa, si dure avec sa propre fille. Sur la peur d’Haalim, contraint de se débrouiller seul dans une institution où, à 5 ou 6 ans, il ne cessera d’attendre sa mère. Et sur sa légitimité d’autrice à écrire cette histoire où l’imagination comble les silences. « Si tu connaissais toute la vérité, tu ne serais pas aussi poétique », lui souffle Miriam, lors de ces discussions imaginaires. « Ce livre est une tentative pour comprendre », suggère Ahmed en écho.
Un roman envoutant et passionné qui ravira les grands lecteurs
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